Entre le 11 et le 15 février 2020, j'ai pu visiter le KMH - Kungliga Musikhögskolan à Stockholm, Suède et y enseigner. Magnifique institution, beau bâtiment ... So inspirant !
Jérémy Kerno et moi-même, sommes dans la phase finale de la publication d'"A haute voix », un album de 14 titres consacré uniquement à la chanson traditionnelle dans son plus simple appareil... C'est à dire "à voix nue", comme le dit la musicologue Annie Labussière ou, comme on le dit plus techniquement a cappella. Des complaintes, des chansons plus gaies, des noëls mais aussi des chants à danser (gavotte ou chansons à la ronde) ... Un florilège des répertoires que nous chantons en fest noz ou en veillée mais aussi des coups de coeurs glanés ici ou là mais que nous n'avions jamais chanté.
La prise de son et le mixage ont été effectués par Coline Genet et la pochette par Louise Varennes. La sortie est prévue mi-octobre. Nous vous en dirons un peu plus dans les jours qui viennent.
Le kiss kiss band bank court encore quelques jours... Si vous voulez participer, il est encore temps !
Le vendredi 25 mai 2019, dans un studio du CREA (Centre de Ressources et d'Etudes Audiovisuelle) de l'Université Rennes II, s'est tenu le challenge "Rondement Menée !".
Faire danser une ronde chantée pendant au moins une 1h15 était l'idée originelle de cette opération. Au-delà du challenge motivant (et sur lequel il était possible de communiquer), cette opération constituait également une expérience (et un exercice) pour les étudiants et élèves de la classe de chant du Conservatoire à Rayonnement Régional de Rennes ainsi que pour les étudiants du Pont Supérieur. Enfin, elle se voulait être une étude ; d'où la mise en place d'un protocole.
Le branle chanté (souvent appelé « ronde chantée ») est souvent considéré comme un mode d’expression "total" : une ronde, un pas de danse répété à l’envie, des danseurs tous chanteurs, des chants narratifs ... Bien évidemment, tous ces éléments existent indépendamment les uns des autres, mais leur réunion à parts égales donne à cette pratique une dimension toute autre, comme l’a très bien décrit Jean-Michel Guilcher en son temps. Ainsi, le branle chanté ne peut être simplement réduit ni à une danse accompagnée à la voix, ni à un chant dansé, ni même à un récit "acté". Il n’est aucun des trois en tant que tel cependant il est les trois à la fois ! Le branle chanté est une alchimie qui amène le « praticien » à un plaisir tout autre : celui de se fondre dans un collectif, de vibrer à l‘unisson des autres... Un plaisir qui l’occupe totalement, et l'amène à une certaine perte de conscience de l’extérieur.
On retrouve des traces de branle chanté de façon très ancienne en France. On en retrouve aussi aujourd’hui des exemples, plus au moins sporadiquement, dans de nombreuses régions européennes . C’est le cas des îles Féroé par exemple, qui connaissent aujourd'hui encore de longues chaines de danseurs, réitérant inlassablement un pas unique en chantant des récits épiques et saga. Des heures durant, le mouvement ne s’arrête pas !
Le branle chanté est bien connu aussi en Bretagne. Il a même constitué une partie du patrimoine chorégraphique populaire que l'on considère parmi les plus archaïques. Des pratiques populaires très similaires à celles des îles Féroé ont été décrites, notamment en Pays Pagañ ou en région vannetaise, à la nuance près que les chansons support interprétées ne sont ni des sagas, ni des chants épiques. Ce sont en revanche des chansons narratives qui peuvent être à caractère tragique ou joyeux.
Les hypothèses, pour de telles pratiques (dispositifs de rondes, chantées par les danseurs pendant un temps très long), des équilibres se mettent en place et se modifient. Un processus d’installation progressive dans le mouvement s’opère, concomitamment au lâcher-prise. Cela se traduit par des évolutions de postures (afin d’être confortable), une mise au service du collectif, une retenue du geste et des changements de positionnement vocal (économie pour pouvoir durer). Le projet du challenge Rondement Menée ! se proposait de mettre en évidences ces hypothèses.
Pour se faire, le projet était de faire vivre une ronde chantée entre 1h15 et 1h30 en la filmant à 360° et selon plusieurs angles afin de pouvoir la suivre dans son entièreté.
La première observation se voulait in situ en faisant s’observer et témoigner chacun des participants à l’issue de l’expérience. Par la suite, le projet se proposait de mener une observation a posteriori.
L'idée a été soumise au CRR de Rennes ainsi qu'au Pont Supérieur et été acceptée en 2017 pour un financement et une réalisation au printemps 2019, en partenariat avec le CREA. Il s'est tenu le vendredi 25 mai 2019, de 13h30 à 16h dans le bâtiment T de l'Université Rennes II. Il a fait l'objet d'une captation mais aussi d'un montage en direct pour un facebook live du CRR de Rennes.
(https://www.facebook.com/ConservatoiredeRennes/videos/464023601067892/).
Au préalable, une réflexion a été menée sur la mise en place de protocoles afin que les différentes dimensions du projet puissent être conservées :
Le CREA a mis à disposition un studio, 5 caméras et 4 techniciens afin de pouvoir filmer l'ensemble des éléments intéressants pour une étude a posteriori des évolutions du dispositif de la ronde au cours du temps (positionnements corporels, tempi, fatigue vocale, évolution du pas ou des mouvements de bras).
Il a fallu réunir un nombre suffisant de chanteur-danseur et de les faire respecter un protocole minimal et minimaliste, construit à partir non seulement des hypothèses à vérifier mais aussi d’éléments constitutifs du branle chanté. Il était ainsi impératif que :
La ronde choisie a été le rond de Penthièvre (ou rond de Loudéac) avec le choix d’une version type de la danse qui corresponde à celle pratiquée aujourd'hui dans les festoù noz, à savoir avec les bras plutôt à l’équerre, en usant d'un pas légèrement en avance-recul (ce qui correspond à la version-type qui a été recueillie dans la région de Loudéac).
Le challenge a eu lieu. Merci à tous !
Quelques statistiques
Participants
Marc CLERIVET
Le 26 mai 2019
Je vous invite à aller découvrir un travail de ré-interprétation de chansons traditionnelles assez intéressant. Le chanteur s'appelle Cyril Couchoux, il est également guitariste, altiste et "banjoiste".
https://soundcloud.com/bleu-herbe
Le répertoire vient de Haute-Loire, de la collecte de Jean Dumas plus précisément, mais les influences et les couleurs (bleu sans aucun doute...) fleurent bon la côte Est ... des Etats Unis !!! Vous rependrez bien un peu d'herbe bleue ???
NB - Pour ceux que ce magnifique répertoire intéresse, je vous renvoie vers la publication d'Eric Desgrugillers publiée par l'AMTA et Les Cahiers de la Haute-Loire ainsi que vers un texte de présentation de cette édition écrit par Françoise Etay
(https://cahiersdelahauteloire.fr/wp-content/uploads/2014/02/Cahiers_ethnomusicologie_29.pdf)
MC, le 24 août 2018
L'actualité de ce mois de février, c'est l'écriture d'un article pour Musiques Bretonnes sur la réoralisation des collectages écrits de chansons traditionnelles...
Je vous renvoie vers l'article de musique bretonne () ainsi que vers une émission sur le sujet enregistrée pour l'émission Chemins de Terre animée par Loic Turmel (http://www.radiorennes.fr/radio-rennes/actualites/actu-chemins-de-terre-du-28-mai-au-3-juin-2018-2488-6.html) et pour l'écouter (https://soundcloud.com/chemins-de-terre).